Why is France updating its nuclear doctrine?
Emmanuel Macron, who opened recently a "strategic debate" on Europe protection by the French "nuclear umbrella", announced on October 1st that he would give his views on a updated France's "nuclear doctrine" in early 2026. Here's why.
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"Je travaille actuellement à l'actualisation de notre doctrine et je souhaite poursuivre l'approfondissement de notre dialogue stratégique avec les Européens qui le souhaitent", a dit le chef de l'Etat français dans un entretien au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
La France est la seule puissance nucléaire de l'UE depuis le départ du Royaume-Uni avec le Brexit.
C'est quoi la doctrine nucléaire française ?
Depuis son origine, la dissuasion nucléaire française se veut complètement indépendante et repose sur l'appréciation par un seul homme, le président de la République, d'une menace contre les intérêts vitaux du pays.
Cette dissuasion "a une vocation exclusivement défensive", selon le ministère des Armées, et "vise à prévenir toute ambition d'un dirigeant d'État à s'en prendre aux intérêts vitaux de la France". Elle se caractérise par ailleurs par la doctrine dite de "stricte suffisance" de l'arsenal, qui exclut d'entrer dans une course aux armements.
La dissuasion française repose sur une composante océanique (4 sous-marins nucléaires lanceurs d'engins) et une composante aéroportée (Rafale et ravitailleurs stratégiques).
Selon l'institut Sipri, la France dispose de 290 têtes nucléaires, réparties entre les missiles embarqués à bord de quatre sous-marins et ceux emportés par les avions de combat Rafale. Les Etats-Unis en ont 3.708 et le Royaume-Uni 225.
Pourquoi actualiser cette doctrine ?
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les Européens craignent de ne plus pouvoir compter, à l'avenir, sur le parapluie atomique américain.
En mars 2025, Emmanuel Macron avait annoncé "ouvrir le débat stratégique" de la protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français. Il répondait alors à l'appel de Friedrich Merz, tout juste élu en Allemagne, à se préparer "au pire scénario" d'une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine.
Depuis son accession au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron avait déja souligné à plusieurs reprises que les intérêts vitaux de la France avaient une "dimension européenne". Ce qui n'est pas vraiment une nouveauté, Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing s'y étant déjà référé dans les années 1970. Mais la situation internationale actuelle donne un nouveau relief à ce concept.
"Rester spectateur" face à la menace russe "serait une folie", a insisté le président français. "Nous restons attachés à l'Otan et à notre partenariat avec les Etats-Unis (...) mais il nous faut faire plus (...). L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou".
Au mois de mai 2025, Emmanuel Macron est allé plus loin en disant que la France était "prête à ouvrir" une discussion sur le déploiement d'avions français armés de "bombes" nucléaires dans d'autres pays européens, à l'instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique.
Resserrement parallèle des liens avec les Britanniques
Dans ce contexte, la France a également resserré en juillet 2025 ses liens nucléaires avec le Royaume-Uni afin de compliquer les calculs de la Russie et de rassurer les alliés européens soucieux de l'avenir du parapluie nucléaire américain.
La déclaration de Northwood, signée le 10 juillet 2025, prévoit pour "la première fois" une coordination des "dissuasions nucléaires indépendantes" des deux pays, avait expliqué le Premier ministre britannique Keir Starmer.
"Dès aujourd'hui, nos adversaires savent que toute menace extrême contre ce continent (européen) entraînerait une réponse de nos deux nations", avait-il insisté.
La portée de cette nouvelle coopération nucléaire entres les deux pays va beaucoup plus loin que le cadre précédent de la déclaration conjointe de Chequers de 1995 qui était strictement limité au constat d'intérêts vitaux partagés des deux pays.